Les prénoms russes et slaves masculins

Vous rêvez de donner à votre fils un prénom qui a un écho dans la littérature russe ?
Commençons par ceux des romans de Fiodor Dostoïevski.
Rodion est le prénom du héros de Crime et châtiment (on trouve aussi des Dmitri, Semion, Arkadi, Piotr, Andreï, Nikodim, Ilia…).
Ivan et Pavel sont les personnages majeurs de L’éternel mari.
Alexeï (l’homme de foi), Ivan (l’intellectuel matérialiste), et Dimitri (l’homme russe par excellence) sont les trois frères Karamazov, du roman du même nom, chef-d’œuvre de la littérature mondiale.

Parmi les principaux : Aleksandr (dont le tsar vainqueur de Napoléon 1er), Andreï (Gromyko), Boris (Yeltsine), Dimitri (Medvedev), Ivan (porté par plusieurs tsars, dont Ivan le Terrible), Konstantin (Tchernenko), Leonid (Brejnev), Mikhaïl (Kalinine, Fradkov ou Gorbatchev), Nikolaï (les tsars, Boulganine, Chvernik ou Podgorny), Piotr (porté par de nombreux tsars, dont le fameux Pierre le Grand), Pavel (porté par le tsar le moins russe qui soit, Paul 1er), Vassili (Kouznetsov), Viktor (Zubkov), Vladimir (aussi bien Poutine que Lénine), Youri (Andropov)…

Il semble tout à fait naturel en Russie d’utiliser un diminutif au lieu du prénom. Pas seulement affectueusement dans la petite enfance, mais aussi à l’âge adulte, aussi bien en famille qu’en milieu professionnel. Alexandre ou Sacha Guitry, c’est du pareil au même.
Mais il n’y a souvent que les Russes qui s’y retrouvent, ou bien les spécialistes d’onomastique. C’est d’ailleurs bien ce qui rend toujours si compliquée la lecture des grands romans russes, où l’on a toujours du mal à suivre le héros de page en page à travers les multiples formes de son nom..

Certains prénoms anciens sont typiquement slaves. Quelques-uns nous sont bien connus parce qu’ils ont été portés par des saints ou des monarques de l’ancienne Russie, d’autres sont devenus bien rares et sont rarement identifiés hors des pays de l’Est.

On peut évoquer parmi eux les prénoms suivants : Dragomir, Jaroslav, Kazimir, Milorad, Miloslav, Miroslav, Mstislav, Stanislav, Sviatoslav, Vyatcheslav, Wladimir, Wladislav, Zaslav.

Dans 15 % des cas aujourd’hui en France, on attribue Sacha comme prénom à une petite fille. Il s’agit pourtant d’un prénom russe masculin traditionnel, diminutif d’Alexandre. Souvenez-vous du comédien Sacha Guitry, né à Saint-Pétersbourg, dont le nom complet était Alexandre Guitry…
Même chose pour Nikita, que lance en France comme prénom féminin dans les années 1990 le film de Luc Besson Nikita. Évidemment, l’héroïne y est jeune et belle. Mais en Russie, Nikita n’est qu’un prénom masculin très fréquent. Qu’on songe à Nikita Kroutchev !

Après la Révolution de 1917, les Soviétiques incitent à changer de prénom pour un prendre un autre plus militant, et de les choisir aussi pour les enfants. C’est ainsi qu’apparaissent des Elektron, des Barrikada, des Kim (acronyme de "Jeunesse internationale communiste" en russe), des Vladlen (pour Vladimir Lenine), des Stalia ou Stalinka (pour Staline), etc. Les dirigeants étaient les premiers à changer leur état civil : Leiba Braunstein est devenu Lev Trotsky, Josef Djougchvili s’est transformé en Josef Staline et Vladimir Oulianov en Vladimir Lénine.

Si vous préférez l’originalité, voici quelques prénoms russes moins fréquents :
Amvrosi, Anastasi, Anatoli, Arkadi, Arseni, Bogdan, Diomedi, Elisei, Ephrem, Gerasim, Gouri, Fiodor, Iliodor, Ilya, Inna, Ippolit, Isaaki, Isaiya, Kassian, Khristophori, Leonid, Lolli, Louka, Mavriki, Makari, Maksim, Meleti, Naphanaël, Nikandri, Nikita, Nikiphor, Oleg, Oustini (Justin), Pavlin, Pakhomi, Phoka, Pinna, Platon, Prokor, Rimma, Rodion, Serapion, Severian, Spiridon, Stakhi, Tarasi, Terenti, Thaddeï, Theodori, Tikhol, Tit, Valim, Vikenti, Vitali, Vlasi…

L’étymologie du nom Poutine vient du mot russe pouty (chemin).
Et comme le prénom du président russe est Vladimir, anciennement porté par Lénine, on pourrait le trouver bien nommé : placé à la tête du pays pour montrer au peuple le chemin à suivre depuis l’URSS jusqu’à une nouvelle Russie, celle de demain !
Plus concrètement, si l’on s’intéresse aux prénoms russes masculins (par exemple parce qu’on aimerait en retenir un pour son fils à naître), que peut-on apprendre sur eux ?

Terminons avec les prénoms des romans d’Anton Tchekhov, auteur de plus de six cents titres !
Dans Oncle Vania, on trouve : Ivan (Vania en est une forme diminutive), Alexandr, Mikhaïl, Ilia.
Dans La Mouette : Konstantin, Piotr, Ilia, Boris, Evgueny, Semion.
Dans La Cerisaie : Ermolaï, Leonid, Piotr, Semion.
Dans Les trois sœurs : Fiodor, Alexandr, Nikolaï, Vassili, Ivan, Alexeï, Vladimir.
Faites votre choix !

Marie-Odile Mergnac

Vous préférez l’œuvre de Lev (Léon) Tolstoï ? Le choix est tout aussi vaste.

Les prénoms ne manquent pas dans son monumental Guerre et paix, avec leur ribambelle de diminutifs qu’on ne reprendra pas ici.
On y trouve (dans leur forme russe et par ordre d’importance dans le roman) : Piotr, Andreï, Nikolaï, Ilia, Anatoli, Vassili, Fiodor, Boris, Platon.

Dans son autre œuvre majeure, Anna Karénine, on relève des Mikhaïl, Konstantin, Vassili, Aleksi, Sergueï, Gricha, Alexandr…

Auriez-vous reconnu les formes diminutives de ces prénoms?
Aleksandr : Sacha, Sachka, Sachenka, Choura ou Alex
Aleksi : Alek, Aliocha, Aliochka, Lioukha ou Lioussa
Dmitri : Dima ou Mitia
Fedor : Fedia, Fiodor
Gregorii : Grieka ou Griechka
Ivan : Vania, Vanka ou Ivanouchka
Josef : Oska, Ossip
Nikolaï : Kolia, Kolunia, Kolian, Kolenka, Nikola, Nikolachka
Pavel : Pavlouchka ou Pavly
Valent : Valenti ou Valentinocka
Vladimir : Volodia ou Vova.

Les prénoms masculins les plus fréquents en Russie sont actuellement (dans l’ordre de fréquence et avec leur correspondance en français) :
Nikolaï (Nicolas), Boris, Vladimir, Piotr (Pierre), Andreï (André), Aleksandr (Alexandre), Dimitri, Sergueï (Serge), Aleksi (Alexis), Ivan (Jean), Youri (Georges).

Pendant l’entre-deux-guerres, les plus répandus étaient Anton, Aleksi, Igor, Lev (Léon), Nikolaï, Ossip (Joseph), Pavel (Paul) et Vassili (Basile).