Les prénoms normands

Marie est de très loin le premier prénom féminin donné en Normandie aux XVIIIe et XIXe siècles : un quart des petites filles en moyenne le reçoivent à la naissance.

Comme pour les prénoms masculins, les prénoms féminins sont aussi plus diversifiés qu’ailleurs.
Après Marie, les plus fréquents sont : Louise, Jeanne, Joséphine, Rose et Augustine pour la Haute-Normandie ; et Louise, Aimée, Julie, Victoire et Augustine pour la Basse-Normandie.

Quand on parle des anciens prénoms normands, on évoque plutôt les noms des Vikings que ceux des populations locales avant leur installation…
Construits en langue noroise ou germanique, ils présentent davantage de similitude avec les prénoms islandais ou scandinaves qu’avec les prénoms usuels des régions voisines.
Dressons un portrait des prénoms normands depuis l’époque des Vikings jusqu’à aujourd’hui…

Texte : Marie-Odile Mergnac

En ce début de XXIe siècle, la Haute-Normandie marque une nette préférence pour Angèle, Eloïse, Laurine, Louise, Mylène, Romane pour les filles ; Brice, Erwan, Gabin, Jason, Morgan, Paul, Quentin, Victor pour les garçons.

Quant à la Basse-Normandie, elle privilégie Adèle, Elise, Lou, Noémie et Zoé côté filles ; et Charly, Jimmy, Paul, Pierre et Tom côté garçons.

Le retour aux très anciens prénoms normands se fait encore attendre…

Parmi les principaux du Moyen Âge :

Almar, Alrik, Alvin, Amalrik, Ansfrid, Answald, Arild, Arnbjörn, Arnketil, Arnold, Arnulf, Arwed, Asbjörn, Asketill, Aldrik, Baldwin, Bernhard, Bernulf, Bertil, Björnulf, Björn, Bruno, Dankrad, Delf, Detlef, Didrik, Diter, Ditfrid, Ditmar, Ditwin, Edouard, Egmont, Einar, Eivind, Enguerrand, Erik, Erling, Erwin, Eskil, Eudelin, Ewald, Falko, Frederik, Frowin, Gerald, Gerulf, Gervald, Gervin, Gilbert, Godfred, Grim...

Et encore :
Hagen, Harald, Harding, Harold, Henrik, Herbert, Herman, Hrolf, Hubert, Hugo, Ingmar, Ingolf, Ingvar, Ivar, Karl, Ketil, Knut, Lambert, Leif, Lennart, Lothar, Ludvig, Maclou, Njall, Norbert, Odalrik, Odmar, Olaf, Osmond, Osvald, Otger, Otmar, Radulf, Ragnar, Ranulf, Ralf, Rambert, Renold, Richard, Roald, Robert, Roderik, Rodger, Roland, Rolf, Rudolf, Sigfrid, Sigmar, Sigmund, Sigurd, Sigvald, Tancrède, Terkel, Thorsten, Thorvald, Ulf, Ulrik, Waldemar, Walter, Wandrille, Wido, Wiland, Wilfrid, Wilhelm…

Parmi les principaux prénoms féminins normands du Moyen Âge :

Alberta, Alwine, Astrid, Bartke, Bathilde, Bentje, Bernahardine, Bertha, Berthilde, Berti, Bertrade, Blithilde, Brunhilde, Dagmar, Deetje, Didda, Dille, Dita, Dithilde, Ditlinde, Edda, Edith, Eduarda, Edwina, Eldrid, Elfi, Elfride, Elke, Elma, Emma, Enguerrande, Erika, Erma, Ermelinde, Ermina, Eudeline, Frida, Gerda, Gerlinde, Gertrude, Gisela, Gislinde, Gudrun, Gunhild…

On peut citer encore :

Hedda, Hedi, Hedwige, Heidi, Helga, Hemma, Hermine, Hilda, Ida, Inga, Inge, Ingeborg, Ingrid, Irma, Irmine, Mariette, Markvart, Mathilda, Mathilde, Matilde, Millicent, Oda, Osanna, Osanne, Ottilia, Ottilie, Ragnhild, Rikke, Savine, Signi, Signild, Sigrid, Sigrune, Silke, Solveig, Solvej, Solvejg, Sunilda, Svantje, Svenborg, Thilda, Thilde, Ulrika, Vilma, Vilhelmine...

Parmi ces prénoms normands du Moyen Âge, ceux qui sont parvenus facilement jusqu’à nous sont souvent construits à partir de racines germaniques :
Bruno, Edouard, Enguerrand, Erik, Frederik, Gerald, Gilbert, Hubert, Hugo, Karl, etc.

Ces noms, antérieurs à l’apparition des patronymes dans notre pays, ont survécu à travers nos noms de famille, mais aussi à travers les noms des lieux dédiés à leur saint, Saint-Maclou par exemple.

Les prénoms vikings, scandinaves ou germaniques, sont en général composés de deux syllabes, qui avaient chacune un sens guerrier ou évocateur d’une divinité ou d’un animal majeur dans la mythologie.

Bernulf, c’est l’ours + le loup, Ansfrid le nom d’un dieu + la paix, Gervald la lance + gouverner, Herman l’armée + l’homme, Herbert l’armée + illustre, etc.
Les parents associaient ainsi les syllabes de leur choix pour les prénoms de leurs enfants.

À l’époque où la langue noroise était comprise, on donnait souvent aux enfants d’une même famille des prénoms commençant par la même syllabe :

Sigurdr a pour fils Simundr, lui-même père de Sigvardr, qui va nommer son fils Sigvaldi ou sa fille Sigrún, etc.

Parfois, les parents associaient la première syllabe du nom du père avec la dernière du nom de la mère : Sigrún pouvait ainsi être la fille d’un Sigurdr et d’une Gudrún. Pratique !

Dans la culture viking, présenter quelqu’un, c’était nécessairement présenter sa famille, donc lister les noms de ses ancêtres sur plusieurs générations.

Comme pour ce personnage décrit dans la Saga de Gunnlaug langue-de-serpent :
"Il y avait un homme qui s’appelait Thorstein; il était fils d’Egil, le fils de Grím le chauve, fils de Kvekdulf, un chef qui venait de Norvège ; la mère de Thorstein s’appelait Ásgerdr et était la fille de Björn".

Plus tard, en 1800, les prénoms normands sont beaucoup plus diversifiés que dans les autres régions de France.
Pour nommer la moitié des garçons de Normandie, il faut une bonne quinzaine de prénoms, contre cinq en moyenne à l’époque.

En Normandie, les cinq plus fréquents sont, dans l’ordre : Louis, Pierre, Eugène, Charles et Jean en Haute-Normandie ; Louis, Jean, Pierre, Jacques et Charles en Basse-Normandie.